Il y a une quinzaine d'années, je me suis lancée dans la grande aventure de la reliure. Après avoir passé le CAP Reliure-Dorure, j'ai travaillé quelques temps dans un atelier semi-industriel et je me suis rendu compte, très vite, que ce type d'atelier ne me convenait pas (faire tous les jours la même tâche). J'ai donc, il y a cinq ans, créé ma propre structure où je travaille seule, ce qui me permet d'exécuter le travail de A à Z et de contrôler ainsi la qualité, de donner des cours et de faire de la création.
Je voulais travailler avec mes mains, avec une certaine technicité et de la réflexion, pour donner naissance à de beaux objets. Je suis une grande lectrice et le livre est un élément important de ma vie. La transformation du banal en beau m'a toujours fascinée. La reliure permet de transformer un objet industriel du quotidien tel qu'un livre de poche en un bel objet unique. La restauration de livres abîmés ou anciens, qu'ils soient en cuir ou brochés, permet de leur redonner une seconde jeunesse tout en respectant "l'histoire" de ces ouvrages : c'est magique !!
L'art de la reliure s'appuie sur une tradition très ancienne. J'ai bénéficié d'un savoir-faire que j'aime transmettre.
Une de mes plus grande satisfaction est de vous voir tenir entre vos mains un livre terminé que vous osez à peine toucher : vous paraissez intimidé et étonné par votre création.
• Préparation du grecquage (scier les cahiers pour faciliter la couture du livre).
On installe le livre dos à l'extérieur dans l'étau à endosser. Le livre est placé entre deux cartons de la longueur exacte du livre.
Taquez le livre en tête et sur le dos avec une équerre à talon pour obtenir une tête nette et un dos bien plat.
• Le compassage est reporté par marquage grâce à un crayon à papier et à l'équerre à talon. Ces marques représenteront des encoches qui seront faites avec la scie sur le dos. L'équerre à talon permet de tracer de façon parfaitement droite sur toute la largeur du dos.
On prend la scie à grecquer et on grecque le livre : on scie les cahiers pour faciliter le passage de l'aiguille lors de la couture.
• La couture a deux fonctions :
1/ relier les cahiers les uns au autres ;
2/ faire monter l'épaisseur du dos par rapport à la gouttière. Cette augmentation du volume du dos permettra l'arrondissure et l'endossure, c'est-à-dire la transformation d’un dos plat en un dos rond.
Pour la couture, on utilise un cousoir en bois qu’on doit mettre en place en installant des rubans. Les montants du cousoir tournent pour élever la barre transversale et tendre les rubans.
Les rubans doivent être placés en face des encoches du dos du livre qui se trouvent de part et d'autre du ruban.
On utilise une aiguille à bout rond et un fil de lin dont la longueur varie en fonction du nombre de cahiers.
On divise le livre en trois. On coud le premier tiers et on mesure l'épaisseur en gouttière et au dos. Si le dos du livre monte entre le tiers et le quart de la gouttière, on continue la couture avec ce même fils, sinon, on change de fils et on recommence la couture.
On se place face au cousoir avec la main droite à l'extérieur et la main gauche au centre du cahier. C'est l'aiguille qui trouve l'encoche faite lors du grecquage à l'intérieur du cahier. D'une certaine façon, vous cousez à l'aveugle. Le fil passe de part et d'autre du ruban.
En tête et en queue pour relier les cahiers entre eux, et non uniquement aux rubans, on fait un nœud de chaînette.
• Mise en presse de plaçure
Après avoir fait les réparations nécessaires, il faut mettre le livre en presse afin d'enlever l'air des cahiers et réduire le volume du livre. On met, par petite battée, les cahiers du livre entre deux ais (planche en bois), tête bêche, afin de maintenir un bloc cahier/ais plan. On serre la presse à percussion à fond ; celle-ci restera fermée au moins toute une nuit.